À quelques jours (2) du début de la campagne électorale, le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, CSAC, Christophe TITO NDOMBI a accordé une interview à notre rédaction pour parler de la campagne électorale des élections présidentielles, législatives nationales et provinciale 2018. Une campagne qui annonce des couleurs chaudes au regard des langages des politiques et la prise des positions de certains professionnels des médias.

SAKOLA.INFO : Comment le CSAC se prépare déjà pour gérer la campagne?
TITO NDOMBI : Bon je dirai que le CSAC se prépare pour cette campagne comme il devrait se préparer. Le CSAC a d’abord une directive de la campagne Électorale qui fixe les règles, les normes. Une directive qui prévoit les accès égales aux médias des candidats en ce qui concerne la campagne électorale. Accès égales dans les médias publiques, équitables dans les médias privés. Au moment où nous parlons, cette directive est en train d’être distribué dans toutes les parties prenantes notamment les partis politiques, les regroupements politiques, les médias pour qu’ils sachent comment se comporter pendant la campagne électorale.
SAKOLA.INFO : À quelques jours du début de la campagne, il y a certains politiques, regroupements qui sont déjà en pleine campagne. Que pensez vous faire pour ce type de déviation ?
TITO NDOMBI : Je crois que si vous vous souvenez bien, il y a quelques temps nous avons fait une recommandation interdisant la campagne précoce à travers les médias. Effectivement nous avons remarqué que certaines personnes profitent de certaines circonstances pour faire leur campagne à travers les médias. Et nous avons réuni tous les responsables des médias publiques et privés pour vulgariser cette recommandation. Le grand problème, ce n’est pas les Hommes politiques qui font la campagne précoce. Le grand problème, c’est le manque de professionnalisme de la part des médias parce que les journalistes n’arrivent pas à faire la différence entre l’information politique et la propagande. C’est ça le problème. Un Homme politique quand il va à la rencontre, il fait ce qu’il peut pour sa promotion, mais le journaliste doit faire la différence parce que ce n’est pas à lui de faire la promotion d’un Homme politique. Ce n’est pas son rôle.
« Le Journaliste on attend de lui, un travail impartial, neutre, équilibré, Pas un travail de promotion. Malheureusement ce qu’on voit chez les journalistes c’est un travail de promotion ».
C’est eux qu’il faut blâmer. Depuis que nous avons fait cette recommandation, nous avons essayé d’évaluer le travail fait, on sent qu’il y a toujours cette campagne précoce. Nous avons lancé une mise en demeure. Si ça continue, on passera à l’étape ultime.
Nous, en tant que régulateur, nous avons mis l’accent sur un travail pédagogique pour montrer ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire. Mais apparemment les médias font semblant d’entendre mais dans la pratique il ne change pas. Mais quand on va se mettre à sanctionner, je crois que le grand problème c’est les médias. Quand on sanctionne, une bonne frange de la population n’arrivera pas à s’exprimer. C’est pourquoi l’on a mit l’accent sur la pédagogie.
SAKOLA.INFO : La campagne commence bientôt, est-ce que le CSAC a-t-il les moyens de surveiller cette campagne ?
TITO NDOMBI : Si je vous dis que nous avons des possibilités, ça sera peut être vous mentir mais nous avons ce qu’on appelle les commissions de vigilance d’éthique électorale dans toutes les provinces composées des membres de l’Assemblée plénière du CSAC, du Coordinateur provinciale du CSAC, d’un membre de l’OMEC, d’un membre de l’UNPC et d’un magistrat pour faire ce qu’on appelle la Co-régulation pour que cette régulation soit impartiale, neutre; parce que vous savez nous sommes une institution publique, si c’est une décision du CSAC tout seul, les gens vont crier à l’injustice et l’instrumentalisation. C’est pourquoi, nous instaurons ce qu’on appelle la Co-régulation. Cela veut dire que quand on observe les médias, quand les rapports de Monitoring viennent, s’il y a des dérives, on les constate ensemble (Institution publique, société civile, magistrature). De cette façon, il y aura moins de contestation. S’il y a des plaintes, c’est à cette commission que les plaintes doivent être amener.
SAKOLA.INFO : LE temps d’antenne doit être équitable pour tous les candidats. Est-ce que le grand média public, la RTNC, donnera la parole de manière équilibrée à tous les candidats ?
TITO NDOMBI : La RTNC ne peut qu’appliquer la loi. Faire autrement, c’est aller à l’encontre de la loi, c’est violer la loi. Et la directive est là pour accompagner ce travail et le CSAC est là pour veiller à ce que ces directives soient appliquées et que l’accès équitable soit assuré. C’est vrai que ça sera facile pour les candidats à la présidentielle mais il faut dire que ça sera difficile pour les autres parce que les élections législatives c’est plus de 15.000 Candidats. Comment faire même si on a un paysage médiatique de plus de 1300 chaînes (Télévisions, Radios, Presse écrite). Pour les candidats présidents, nous veillerons à ça. D’ailleurs, il y a un projet qu’on avait fait en 2011 et qu’on veut faire en 2018. Il s’agit de l’émission de Débat, patronnée par le CSAC. Ça permettra à tous les candidats de s’exprimer et donner leurs programmes et débattre avec les autres de la manière la plus démocratique possible.
SAKOLA.INFO : Est-ce que le CSAC a prévu une émission de débat contradictoires entre candidats durant la campagne électorale ?
TITO NDOMBI : L’émission prévoit des échanges contradictoires. Mais aujourd’hui nous sommes dans une élection à un seul tour. On peut prendre une formule à la française. Vous avez les primaires en France. Il y avait plusieurs candidats et puis on aligne les candidats. Avec une vingtaine de candidats, on peut organiser deux émissions de débats avec 10 ou 11 candidats. C’est faisable. C’est un débat contradictoire. C’est en 2011 que certains candidats ont refusé de faire des émissions de débat. A ce moment là, on recevait un candidat et puis il débattait avec le journaliste. Maintenant les journalistes ne seront que des modérateurs. Mais les candidats débattent entre eux de leurs programmes.
SAKOLA.INFO : Qu’en est il du choix du présentateur de cette émission ?
TITO NDOMBI : Cette fois, on va veiller à avoir un journaliste incontestable. Des gens qui ont une certaine expérience.
SAKOLA.INFO : Est-ce que le CSAC exerce librement ses activités ?
TITO NDOMBI : Exercer librement cela veut dire quoi? Vous savez quand on parle d’exercer librement, le travail on le fait conformément. Mais je crois que s’il y a une difficulté auxquelles l’institution s’est butée je dirai que c’est en terme logistique. Vous pouvez avoir des plans d’activité, des plans d’actions, mais quand vous n’avez pas les moyens de les concrétiser c’est un obstacle.
SAKOLA.INFO : Face au nouveau phénomène de journaliste partisan, journaliste engagé, vous dites quoi ?
TITO NDOMBI : Vous savez, un journaliste est un acteur social. Un acteur social c’est celui qui est engagé pour l’intérêt publique. C’est quelqu’un qui fait un travail impartial, équilibré et pour l’intérêt publique mais dès lors qu’on prend un engagement politique, en ce moment là, on quitte le statut d’acteur social pour celui d’acteur politique. Le travail que fait le journaliste est un travail de confiance entre lui et ses lecteurs, entre lui et ses auditeurs et ses téléspectateurs. En ce moment où il n’y a pas de confiance, la profession perd sa raison d’être parce que l’éthique de la déontologie constitue le socle sur lequel repose la compétence du journaliste. Et quand on est aligné, en ce moment là, on se met en marge des principes et des règles professionnels. Voilà ! Tout ce qu’on demande, c’est de faire un choix!
Propos recueillis par Patrick LAKWE